Quand présence et absence se répondent
Jusqu'au 23 septembre, la Ville de Limoges accueille l'exposition Vases communicants au musée des Beaux-Arts : un travail proposé par l'artiste plasticienne Natacha Baluteau.
Que ce soit par la plume et l'encre ou par le feu et le cuivre, tout le travail de Natacha Baluteau évoque l'absence et la disparition, interroge les traces et ce qui reste. Il paraissait donc évident que ses œuvres puissent gagner l'ensemble du musée, lieu qui, par nature, expose et tente de conserver les traces et leurs échos, de siècles en siècles. Ainsi, des salles archéologiques jusqu'à l'étage des émaux, l'artiste convie à un voyage à travers le temps et l'espace, offrant un monde poétique où vide et pleins, présence et absence se répondent et se nourrissent, où s'insinue une séduction discrète née d'une apparente économie de moyens associée à une légèreté indéniable ou subreptice.
Certains projets naissent de rencontres
À l'origine, il y eut la découverte de sa série Archéo, des créations émaillées présentées en 2021, à la Galerie des Hospices de Limoges, lors de l'exposition Dixemblables qui représentaient la dissolution du support, la fragmentation des objets comme frappés par le temps qui passe... Tout concourrait à croiser ces œuvres avec des pièces archéologiques. Et très vite, le dialogue noué avec Natacha dépassa le cadre de ces objets pour s'ouvrir à l'ensemble de ses travaux les plus récents, tant graphiques que tridimensionnels.
La pratique artistique de Natacha Baluteau se nourrit de la pensée taoïste et des théories des arts chinois. Chaque œuvre tente d'exprimer et d'interroger ce qui reste, ce qui subsiste, l'espace blanc, cycles, rythmes, pulsations, vide plein. Ces interrogations s'articulent entre dessin et métal émaillé mêlant références végétales, telluriques, architecturales, paysagères avec pour caractéristique l'utilisation du trait, tracé à la plume et à l'encre, ou bien au stylo à bille. Empreint de poésie, cet univers se retrouve autant aujourd'hui dans ses pièces martelées de plus grande ampleur - aux cols souvent effrités, aux parois parfois brutalisées à la limite de la rupture - ou dans ses dessins - aux traits dansants et jouant avec le vide -, toutes œuvres nouvelles soumises ici à vos regards. Entre ces deux périodes, un temps de réflexion, de décantation, semble s'être imposé à Natacha Baluteau. Elle a en effet principalement assuré pendant dix ans la gestion de la Maison de l'émail, y accueillant aussi bien le public que des praticiens en résidence, pilotant évènements et manifestations. Au cours de cette parenthèse (2007-2016), l'artiste a peu à peu diversifié ses travaux, remettant au premier plan son expression graphique sur papier lors d'une exposition personnelle (2014).
Un second volet de l'exposition s'ouvrira à la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges le 5 juillet, explorant les sources d'inspiration de Natacha Baluteau, en regard des collections de la bibliothèque.
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