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Et si tout s'arrêtait demain ?

07h00 - 03 octobre 2024 - par Propos recueillis par A-M. M
Et si tout s'arrêtait demain ?
Le casting réunit des grands noms de la comédie, du théâtre et même, du sport

Dans C'est le monde à l'envers, qui sort en salle le 16 octobre, c'est la crise, tout s'arrête : plus d'eau, plus d'électricité, plus de réseau... Stanislas, homme d'affaires parisien, perd tout y compris sa fortune. Lui qui déteste la campagne est contraint de partir se réfugier avec sa femme et son fils dans une des exploitations agricoles qu'il avait acquise dans un but spéculatif. Mais à son arrivée, il se retrouve face à Patrick et sa famille, agriculteurs exploitants des lieux, qui n'ont pas l'intention de quitter la ferme... Dans cette atmosphère chaotique où tout est inversé, les deux familles que tout oppose parviendront-elles à cohabiter pour survivre et peut-être reconstruire ensemble un nouveau monde ? Interview de Nicolas Vanier, le réalisateur, lors de sa venue à Limoges.

Qu'est-ce qui a motivé ce nouveau film ?

Plus le temps passe, plus je m'interroge sur la place de l'homme dans la nature. Désormais, il faut de l'électricité pour tout, pour se brosser les dents, pour monter des escaliers, pour faire du sport. L'argent est devenu une ligne électronique sur un ordinateur. Si Internet s'arrêtait, tout le monde serait ruiné. Que devient-on si demain, tout ce qui facilite notre vie disparaît ? Le monde dans lequel on vit ne peut perdurer. Il suffit de lire la conclusion du dernier rapport du GIEC. Les simulations des scientifiques s'avèrent parfaitement exactes. Elles ne sont plus contestables. On consomme en huit mois ce que la Terre produit en douze. Cet épuisement des ressources naturelles va rapidement devenir dramatique.

L'idée de ce film est née de cette inquiétude par rapport à la situation actuelle où le monde part à l'envers, même si je n'ai pas la prétention de pouvoir changer le monde avec un film.

Diriez-vous que votre film est plutôt optimiste ?

L'homme est capable du pire, ce qu'on peut souvent voir tous les jours, comme du meilleur, si on met en application des solutions qui existent déjà en termes de solidarité, de partage et de reconnexion à la nature. Heureusement, la solidarité n'a pas complètement disparu du monde occidental. Et avoir toujours plus ne rend pas forcément heureux.

Sans oublier une touche d'humour...

Opter pour un film humoristique est un choix délibéré, un moyen de parler d'un sujet anxiogène dans un monde anxiogène. Je voulais interpeller le spectateur en le faisant rire. Je recherchais aussi un effet de proximité. Mon souhait est que les spectateurs emportent le film avec eux à la maison.

Vous mettez en scène deux hommes que tout oppose, Stanislas, un trader (Michaël Youn) et Patrick, un agriculteur (Eric Elmosnino). N'avez-vous pas volontairement grossi le trait pour ces personnages et leur style de vie ?

On peut facilement rencontrer des Stanislas car nous vivons dans une société hyperconnectée. Tout progrès est bon mais nous sommes aujourd'hui tombés dans l'excès dont les conséquences mettent le monde en péril.

J'ai décrit le monde rural tel qu'il est, en utilisant plusieurs fois le mot « paysan » plutôt qu'« exploitant agricole », qui peut faire référence au terme « exploiter ». Actuellement, je vis dans une ferme et j'ai un diplôme agricole (N.D.L.R. : un bac scientifique option agronomique et un diplôme à l'École supérieure d'agro-développement international). Tout ce qui est dénoncé dans le film est vrai... comme la mainmise des grandes compagnies de semences. Les agriculteurs subissent, à l'instar des conditions des prêts accordés par les banques, dont nous sommes dépendants. Les paysans sont les victimes d'un système.

Le film est une « écoproduction ». C'est-à-dire ?

Dans tous les compartiments de réalisation du film, nous avons réfléchi pour avoir un comportement écoresponsable. Lors de la préparation, nous avons étudié chaque poste afin de diminuer au maximum l'empreinte écologique, avec en tête ce concept de sobriété heureuse, comme l'incarne Bobby (Yannick Noah). Contrairement aux idées reçues, l'écologie n'est pas une punition. Grâce aux LED, on a eu toute la lumière nécessaire sans groupe électrogène. Les costumes ont été assemblés à partir de vêtements vintage, transportés sans housses. On a utilisé des toilettes sèches. On s'est déplacé en voiture électrique. Les décors ont été élaborés à partir de matériaux recyclables et écologiques.

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