Contrôle technique : attention aux nou-veautés !
Le nouveau contrôle technique entrera en application le 21 mai. Décryptage des changements avec Régis Moreau, gérant d'un centre de contrôle.
Info. Pourquoi le contrôle technique automobile change-t-il ? Régis Moreau. Le contrôle technique, instauré depuis 1992, va évoluer pour une har-monisation à l'échelle européenne. Une directive de 2014 a créé un contrôle commun à tous les pays de l'Union, que l'on habite en Allemagne, en Italie ou en France, ce sera le même pour tous. Il entrera en vigueur le 21 mai et s'annonce comme une révolution avec 132 points contrôlés au lieu de 123 et 606 défauts relevés contre 453. Aujourd'hui, il existe deux niveaux de défauts, un mineur et un majeur donnant lieu à une contre visite dans les deux mois. Demain, il y en aura un troisième, le défaut critique avec l'obligation de ré-parer dans la journée.
I. Qu'entend-on par défaillance critique ? R. M. Ce seront les défauts pouvant nuire à la sécurité, par exemple, le freinage avec un déséquilibre supérieur à 50%, une roue grippée par les étriers, l'usure prononcée des plaquettes ou des disques. Les fuites d'huile et globalement de tous les fluides seront éga-lement concernées. Les suintements seront signalés mais les écoulements sur la route ne seront pas admis pour éviter toute pollution, d'où l'immobilisation du véhicule pour une réparation dans la journée. Seront aussi considérés comme défauts critiques, du jeu dans la direction, la déformation de la caisse ou de certains éléments de carrosserie comme un longeron plié, un pare choc endommagé ou saillant, un échappement risquant de se dé-crocher, un rétroviseur absent, un siège conducteur mal accroché, des pneus lisses... La corrosion perforante en fera partie, tous les points seront détaillés que ce soit un passage de roue, un longeron, le plancher... Cela n'est pas noté actuellement sur les procès ver-baux qui devraient donc être plus longs.
I. Le délai de réparation dans la journée vous semble-t-il raisonnable ? R. M. Pour les réparateurs, ce sera mission impossible de procéder à la réparation voire aux réparations dans la journée. Je pense que cela évoluera d'ici un an. De plus, si le dé-faut est critique, le véhicule sera immobilisé, ce qui sous-entend un remorquage chez le réparateur le plus proche donc un surcoût. Si la facture est trop élevée, certains automobi-listes renonceront à faire des frais. D'autres pourraient rouler au-delà des 24 heures sans avoir fait réparer et risqueraient alors une amende.
I. Quel sera l'impact sur les tarifs ? R. M. Aujourd'hui, 18 à 20 % des voitures sont concernées par une contre-visite, de-main on s'attend à 40%. La contre-visite payante va se généraliser, 5 à 15 € de plus pour ma part afin de rémunérer les 15 à 20 minutes nécessaires. Quant au contrôle facturé 70 à 80 € pour 30 à 40 minutes, le surcoût sera au minimum de 5 € pour une intervention de 40 à 45 minutes.
I. Que pensez-vous de ces changements ? R. M. La finalité de ce nouveau contrôle est de vendre des voitures neuves et de retirer de la circulation des véhicules dangereux bien qu'avec un passage en centre tous les deux ans, le parc automobile soit suivi et en meilleur état qu'à mes débuts il y a vingt-cinq ans. Le marché des véhicules d'occasion récents sera impacté avec des prix à la hausse et une pénurie de VO pourrait apparaître dans les mois suivants. Le marché du leasing sera « boosté », les automobilistes se déchargeant de l'entretien. Les réparateurs vont res-sentir une hausse d'activité. Nos techniciens auront un niveau Bac au lieu d'un CAP, de-venant inspecteurs. Une formation en gestion sera exigée pour les gérants tous les cinq ans. Cela va redonner de la crédibilité à notre profession, ce qui est une bonne chose. Enfin, on s'attend à une hausse d'activité de février à avril car des automobilistes voudront gagner deux ans sans attendre leur date d'échéance.
Corinne Mérigaud
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