Le baluchonnage pour donner un répit aux aidants
Depuis longtemps pratiquée au Québec, la suppléance à domicile fait son bout de chemin en France. Le concept ? Faire venir un intervenant à domicile pour quelques jours afin de permettre à l'aidant familial de partir souffler.
S'occuper d'un proche en perte d'autonomie est un travail quotidien épuisant, tant physiquement que psychologiquement. Diverses initiatives permettent alors de donner une bouffée d'oxygène aux aidants familiaux. Le baluchonnage en fait partie.Une initiative venue du Canada
Ce terme a été inventé en 1999 par Marie Gendron, une infirmière québécoise et docteur en gérontologie à l'université de Liège, lors d'une formation d'aidants familiaux s'occupant de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Quelques mois plus tard, elle créait la marque déposée Baluchon Alzheimer. Plutôt que de placer temporairement l'individu en perte d'autonomie dans une structure externe, afin de laisser à son aidant le temps de souffler, cette association propose de faire venir un intervenant à domicile pour prendre le relais. Appelé baluchonneur, ce professionnel s'installe donc chez la personne aidée et peut y vivre entre quatre et quatorze jours, pendant que l'aidant part se reposer « avec son baluchon ». Sachant qu'un malade atteint d'Alzheimer perd facilement ses repères dès lors que son quotidien est bouleversé, l'association prévoit une visite de « prébaluchonnage » et une journée de transition, afin de faire connaissance avec le bénévole. Côté coût, ce service revient à environ 15 $ par jour aux familles, selon les régions du Québec où le service est disponible.Le concept fait des émules
Face aux retours d'expérience positifs de ce dispositif à la fois simple, peu coûteux et proposant une gamme de services auparavant inexistants, Baluchon Alzheimer s'est exporté en Belgique dès 2003. Les baluchonneuses – comme au Québec, ce sont quasi exclusivement des femmes – y reçoivent une formation complète d'une cinquantaine d'heures avant de débuter et suivent aussi une formation continue leur permettant d'échanger régulièrement avec leurs collègues. Opérationnel à Bruxelles, en Flandre et en Wallonie, ce service a déjà aidé près de mille familles. Toutefois, il n'a jusqu'ici pas passé la frontière française et ce, en dépit de multiples projets d'aide au répit mis en place par des acteurs locaux. C'est toutefois en passe de changer.Bientôt une expérimentation ?
En 2015, le projet de loi sur l'adaptation de la société au vieillissement avait déjà prévu d'expérimenter un dispositif de « suppléance à domicile » similaire au baluchonnage. Si la mesure n'a finalement pas été conservée, le gouvernement a commandé, dès 2016, un rapport complet visant à recenser ce type d'initiatives sur le territoire et à développer cette offre. Remise en mars 2017, cette étude a préconisé d'organiser un système de « relayage » – terme préféré à celui de « baluchonnage » – d'une durée minimum de trente-six heures, précédé d'une visite systématique de préintervention à domicile et éligible à des aides financières publiques. Or, malgré le changement de quinquennat, cette proposition a été reprise dans le projet de loi pour un État au service d'une société de confiance, en cours d'examen au Parlement. Le texte prévoit de mettre en place, à titre expérimental et pour trois ans, un service « à domicile de suppléance du proche aidant d'une personne nécessitant une surveillance permanente pendant des périodes d'absence de celui-ci ». Ces prestations ne pourraient excéder six jours consécutifs et l'intervention de chaque salarié serait plafonnée à quatre-vingt-quatorze jours par an. Affaire à suivre…Julie Polizzi / LSP Photos © iStock / City Presse
0 commentaires