4 milliards d'utilisateurs et moi, et moi, et moi
Nous sommes 3,96 milliards d'utilisateurs sur lesdifférents réseaux sociaux. Un peu, beaucoup,passionnément...Mais finalement, quelle place occupent-ils dans notre quotidien ? Le virtuel a-t-il changé la donne des relations ?
Facebook, YouTube, Twitter, Linkedin, Instagram, Pinterest, TikTok, Snapchat, Periscope... Vous ne voyez pas ? Tous sont des réseaux sociaux dont le but est de partager des vidéos, des photos, des articles, des musiques, des stories ou encore des informations. Leur objectif commun est de connecter les gens entre eux et de les aider à interagir ensemble.
Vous ne voyez toujours pas ? Mais sur quelle planète vivez-vous ? Car les réseaux sociaux, ce sont 3,96 milliards d'utilisateurs qui s'en servent pour de multiples raisons et à différentes doses.
L'ADDICT
Parmi eux, Stéphane Taïty, 43 ans, fait partie des 2,701 milliards d'utilisateurs actifs/mois sur Facebook, auquel il est addict. En instance de divorce, ce papa y passe 20 heures/24.
« J'ai commencé en octobre 2003, avec mon téléphone 3G, et ce que l'on appelait le wap, l'internet mobile de l'époque. Chaque message était payant. Ma première facture s'est élevée à 645 € pour 15 jours d'utilisation, ce qui aurait dû être un frein. Bien au contraire, j'avais mis le doigt dans l'engrenage. Puis, est venue l'époque de MSN, pour les plus anciens qui se souviennent », se rappelle-t-il.
En 2014, il se lance dans une activité professionnelle de conseiller immobilier, et crée sa page officielle sur Facebook, dont il se sert comme vitrine virtuelle.
« Je me suis alors lié d'amitié avec des gens que je ne connaissais pas, et dont certains que je ne connais toujours pas personnellement. Nous avons créé au fil du temps une communauté autour de moi, de mon activité professionnelle, de mes loisirs. J'ai tissé une toile large comme la France, de personnes qui me suivent de façon assidue. Le cercle grandissant, et étant connecté en continu, j'ai ouvert deux groupes d'humour. Avec plus de 1 700 contacts aujourd'hui, sachant que je n'en connais personnellement qu'à peine 100, je sais que peu importe le moment de la journée, il y aura toujours quelqu'un connecté avec qui échanger », raconte Stéphane.
Mais il admet un bémol : « Il faut savoir se recentrer sur l'essentiel, et bien faire la part des choses. Une bonne partie du temps passé sur Facebook reste virtuelle. Et il ne faut pas oublier qu'il existe une vie bien réelle tout autour de nous ».
COUPS DE GUEULE
Depuis plus de dix ans, Marianne Ladant, restauratrice à Limoges, est sur « Fesse de bouc », comme elle se plaît à dire hilare. « Au début, je trouvais ça très bien pour retrouver des personnes qu'on avait perdu de vue, avoir des nouvelles des amis à l'étranger ou éloignés en France, et... me faire penser aux anniversaires », relate-t-elle. Elle possède une page pour son établissement Le Churchill, et une page personnelle avec sa véritable identité. « Je n'ai rien à cacher et j'assume tout ce que je dis », lance celle qui a 2 690 amis, dont « beaucoup que je ne connais pas, qui sont des amis des amis, qui me paraissent sympas. Et j'ai plein de demandes en attente ».
Elle avoue parcourir Facebook comme un journal, en plus rapide, pour se tenir au courant, en demeurant vigilante et en se méfiant des fake news. Avec plusieurs publications par jour, elle partage souvent « ce qui me touche » ou plus souvent « ce qui m'énerve ». Déjà connue pour son franc-parler, elle ne mâche pas ses mots avec « des coups de gueule qui attisent le débat. Cela me permet de juger les gens qui m'agressent. Et quand ça va trop loin, je les bloque ».
Un peu le matin, un peu le soir, même si actuellement, avec la fermeture de son restaurant, elle a une autre consommation de Facebook, relaie des informations impactant son activité, des revendications... « Comme j'ai des problèmes, ça me vide la tête, je ne pense pas à mes soucis professionnels actuels », confie-t-elle.
VOYAGES ET PHOTOS
Candy Réjasse est inscrite sur Facebook, où elle compte 1 030 amis (et 630 en attente) et sur Instagram. « Je suis passionnée de voyages, qui sont de vrais moments de bonheur en famille, et de photos, que je partage pour faire voyager ceux qui me suivent, ceux que j'aime... même si sur les réseaux, c'est comme dans la vie, il y a des jaloux et des grincheux. Ma mère a 70 ans. Quand nous partons, elle nous suit grâce aux photos. Facebook est comme son fil rouge. Elle y passe de nombreuses heures pour avoir des nouvelles de ses cinq enfants. Elle enregistre les images, fait des albums sur sa tablette », s'amuse la maman de Méline (13 ans), Lilly (11 ans) et Appoline (9 ans).
« Je vais sur Facebook surtout le soir, je descends le fil d'actu, je lis des informations ciblées car je suis abonnée à certaines pages, alors que dans un journal, 90 % des sujets ne m'intéressent pas », précise-t-elle.
PLUSIEURS VIES
Enfin, sur le réseau créé par Mark Zuckerberg, on peut y croiser Annie, une Limougeaude de 70 ans, qui s'est inscrite il y a deux ou trois ans sous la pression d'amis. Peu de renseignements, pas de photo d'elle, peu d'amis (« que des gens que je connais »), aucune publication personnelle, très peu de commentaires. « Quand je vois l'idiotie et la haine de certains commentaires..., soupire-t-elle. Cela m'a permis de toucher du doigt des ''vieux ressorts'', que je ne vois pas dans la vraie vie ». La septuagénaire aime le matin aller lire quelques billets savoureux, et considère Facebook comme une source d'informations nationales et locales.
« Je ne suis pas hostile a priori. Quand le train de cette technologie est arrivé, je n'étais pas sur le quai et il est difficile de monter dans ce train qui va très vite », ose-t-elle la métaphore.
Et de conclure : « La vie, c'est aussi les réseaux sociaux, mais on a plusieurs vies. Je préfère boire un café, quand c'est possible, en lisant le journal, avec l'envie de sentir le soleil sur mon visage ».
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