70 ans : l'âge qui donne des ailes (Dossier spécial seniors)

Est-on vieux à 70 ans ? Oui et non à la fois. Malgré le regard parfois stigmatisant de la société, être septuagénaire, c'est aussi s'affranchir des contraintes et vivre avec joie.

À 70 ans, le passage de la vie professionnelle à la retraite est digéré. Certes, sur le plan physique, les effets du vieillissement commencent à se faire sentir mais ça n'empêche pas les septuagénaires de nourrir des projets personnels et de rester actifs en tant que bénévoles dans les associations mais aussi sur le plan familial en s'occupant de leurs petits-enfants ou en tant qu'aidants pour les plus âgés.

INVISIBLE ?

Pour autant, notre société teintée de jeunisme n'est pas tendre avec les aînés alors que nous vieillissons de mieux en mieux. « On s'intéresse à notre pouvoir d'achat mais en même temps, on nous invisibilise », constate Laure Adler dans son tout récent livre « La voyageuse de nuit » (Éditions Grasset). La journaliste et productrice de radio qui vient d'avoir 70 ans, préfère d'ailleurs dire les vieux que les seniors. Elle ne propose pas « un guide pour bien vieillir » mais développe ce que peut être « le sentiment de vieillir », au-delà des rides et des injonctions à rester jeune par l'alimentation, le sport, les sites de rencontres sur les réseaux sociaux...

PLUSIEURS ÂGES

« On a beau se savoir vieux, on ne l'éprouve pas pour autant. En tout cas, pas en permanence. Jeunes, nous pouvions nous sentir vieux. Et vieux, de temps en temps, nous sentir jeunes, très jeunes », écrit-elle. « Le fait d'être vieux - car c'est une réalité objective que personne ne peut contester - ne se confond pas avec la perception que nous en avons. C'est en ce sens qu'il existe pour moi ce que je nomme le sentiment de l'âge. Chacun d'entre nous ne se réduit pas à l'âge qu'il a. Nous pouvons d'ailleurs, dans une même journée, avoir plusieurs âges. Dans notre for intérieur, même si la société nous adresse sans arrêt des signaux d'alerte nous assignant à notre âge, nous pouvons nous en échapper pour vivre ce que le présent nous propose. »

Se faire confiance

Sans occulter les inquiétudes liées à l'âge, Laure Adler lui donne une perspective jubilatoire : « Vieillir n'est pas non plus le paradis mais c'est une joie. Les contraintes, plus ou moins conscientes, disparaissent progressivement, laissant l'imaginaire prendre le dessus. On se fait de plus en plus confiance. Ce sentiment de ne plus avoir d'âge donne des ailes, on n'a plus de comptes à rendre qu'à soi-même. On a la sensation de défier le cycle de la vie, de nos vies ! »