Bertrand Villette
Depuis le 1er janvier, Me Bertrand Villette a été élu bâtonnier de l'Ordre des avocats de Limoges.
Me Bertrand Villette, qui êtes-vous ?
Je suis né en 1966 à Limoges, où j'ai été étudiant ainsi qu'à Bordeaux. J'exerce la profession d'avocat depuis 1992. Je suis généraliste avec une dominante en droit pénal. J'ai été formé par un avocat pénaliste, qui était le bâtonnier Guy Hervy, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration et dont j'ai été le collaborateur pendant plusieurs années.
Pour quelles raisons vous êtes-vous présenté à cette présidence ?
L'une de mes motivations est la nécessité de fédérer car nous sommes un collectif. Mais, notre profession est un peu particulière car nous sommes seuls dans la défense de nos clients. Nous sommes souvent présentés comme une profession indépendante. Or, il est nécessaire d'avoir une cohésion pour garantir cette confraternité qui est un symbole de notre profession.
Quel est le rôle d'un bâtonnier ?
Le bâtonnier est multifonctions. Il a d'abord la mission de représenter les 189 avocats inscrits au barreau de Limoges. Je parle en leur nom auprès des institutions judiciaires, des magistrats, des personnels de greffe, des personnalités publiques... Le bâtonnier préside le Conseil de l'ordre, composé de 18 membres à Limoges. C'est une mission importante car il faut régler tout ce qui fait le quotidien des avocats auprès du barreau. Dans un aspect plus technique, le bâtonnier est le juge du contentieux des honoraires entre l'avocat et le client.
Quelle est, selon vous, la mission la plus importante ?
Fédérer. L'année dernière, pour la première fois peut-être, la profession a montré une cohésion à l'échelon national lors de nos manifestations contre la réforme des retraites. Il s'agit également de fédérer les générations pour un collectif fort afin de pouvoir revendiquer, ne serait-ce qu'au niveau local, des avancées dans les conditions d'exercice. En effet, nous avons de jeunes avocats qui viennent de prêter serment et qui commencent leur vie professionnelle, et nous comptons également des avocats honoraires. Tout ceci constitue une richesse qu'il faut animer.
Vous avez évoqué la réforme de la retraite des avocats. Où en est ce projet ?
Pour le moment, le projet est à l'arrêt face à la crise sanitaire. Mais la profession reste très vigilante. Nous avions un régime de retraite en autofinancement qui fonctionnait bien. On a voulu le « casser ».
De plus, le barreau de Limoges a été en première ligne pour l'accès du justiciable au droit à la justice de proximité...
En effet, était en suspens la suppression possible de la Cour d'appel de Limoges avec la modification de la carte judiciaire, contre laquelle la profession s'était déjà mobilisée.
Il y a quelques jours, le barreau de Limoges a adopté à l'unanimité une motion rejetant catégoriquement le projet d'expérimentation sur cinq ans d'un statut d'avocat salarié en entreprise. Qu'en est-il ?
Ce projet vise à conférer le statut d'avocat à des gens salariés, qui sont conseils juridiques en entreprise. Partant de là, on porte atteinte à ce qui constitue les valeurs fondamentales de la profession : le secret professionnel et le principe d'indépendance. On porte atteinte à l'ADN même de l'avocat, ce qui garantit l'État de droit. Aussi, on nous avance la création d'une expérimentation de cinq ans auprès des barreaux qui le souhaitent. Pour nous, c'est une façon de contourner la règle : cinq ans, c'est déjà commencer son installation.
D'autres sources de préoccupation ?
Nous demeurons inquiets face au projet de réforme de l'aide juridictionnelle. Les gouvernements successifs parlent d'indemnisation, donc ils ne nous reconnaissent pas un droit à la rémunération dans cette mission particulière.
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