La Réparation : une enquête pleine de saveurs

Réalisateur oscarisé pour Indochine, Régis Wargnier était à Limoges pour présenter en avant-première son dernier long métrage La Réparation, qui sortira en salle le 16 avril.
Comment est née l'idée du film ?
D'abord, il fallait que j'aie de nouveau envie de faire un film, car je ne fonctionne que s'il y a un désir ou une envie puissante.
J'avais commencé il y a très longtemps l'histoire d'un chef qui disparaissait mais je n'ai pas été au bout. Quand j'ai été confronté parmi des proches à la disparition, sachant que 10.000 personnes disparaissent chaque année en France et dont on n'a plus jamais de nouvelles, j'ai pu observer les réactions, l'incompréhension, le doute, les conflits... Tout cela m'a ramené à mon film non-abouti car j'avais une « matière » vraie et juste. J'ai donc ressuscité le personnage du chef, avec les rapports à sa fille, surtout à la veille de l'obtention d'une récompense, d'une étoile, pour laquelle les chefs sont dans la bagarre depuis vingt à trente ans, dans l'obsession de l'excellence et de la perfection, sans faux pas, en tenant les équipes... Je trouvais que ça avait un rapport avec mon métier de metteur en scène : on gère des équipes, et sans eux, on ne peut pas y arriver.
Les tournages dans le milieu de la gastronomie en France et en Asie ont-ils été compliqués ?
Ils auraient pu l'être mais sur les deux continents, j'ai rencontré des personnes formidables qui ont compris l'histoire, le sujet et l'envie de faire mon film avec eux. Nous avons tourné en Bretagne au Moulin de Rosmadec pendant la période de fermeture. Spontanément, le chef Sébastien Martinez est resté pour préparer les assiettes. Nous avons engagé les deux tiers de l'équipe comme figurants.
À Taïwan, j'ai pu faire la connaissance d'André Chiang, le chef du restaurant Raw à Taipei, qui a mis son équipe à ma disposition. Je n'avais pas prévu de tourner dans son établissement mais quand j'ai vu le décor magnifique, je lui ai demandé si c'est possible ce qu'il a accepté.
Pensez-vous que votre film soit à l'égal de l'exigence des plats servis ?
J'ai fait de mon mieux avec ma vision, mes envies de nature, de culture, de nourriture, de sentiments... C'est d'ailleurs davantage un film sensoriel que de sentiments : on est sur les sens, sur le goût. Mon ambition était que l'enquête passe par les saveurs.
Comment avez-vous « casté » vos personnages ?
J'ai découvert Julia de Nunez, qui interprète Clara, dans la série Bardot. J'ai vu qu'elle était capable de donner de grandes émotions. Mon choix s'est assez rapidement porté sur elle.
Je voulais depuis longtemps tourner avec Clovis Cornillac. On se connaît bien. Je lui ai proposé un rôle clé : même s'il n'est pas tout le temps là, on ne pense qu'à lui tout au long du film. Pour lui, jouer un chef... Il est à la maison ! C'est un homme de goût.
On connaît votre relation particulière à l'Asie. Qu'est-ce qui vous séduit tant ?
J'aime l'ailleurs, le voyage... Quand j'étais ado, le rêve c'était l'Amérique mais elle ne me fait plus rêver ! Tout ce qu'on mange, qu'on écoute, qu'on porte, c'est pareil que là-bas. Quand on arrive en Asie, on est en terre étrangère. J'aime les civilisations différentes, leurs regards différents sur la vie, la famille, les comportements, l'accueil, l'échange, la nourriture, la relation à la mort et à l'absence.
Le mot de la fin ?
Ne ratez pas le début et surtout ne racontez pas la fin !
L'histoire
Quelques heures avant l'attribution de sa 3e étoile, le célèbre chef Paskal Jankovski disparaît avec son second lors d'une partie de chasse. À 20 ans, sa fille Clara se retrouve seule aux commandes du restaurant. Deux ans plus tard, elle reçoit une mystérieuse invitation pour Taïwan...

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