Limoges, ça coule de source !

Rémy Lasource vient de sortir un nouveau roman Profanations à Limoges, le halo des tombes. Entretien avec le romancier-poète-policier, qui a accepté de se livrer.

Vous avez déjà une série qui se déroule à Biscarrosse. Pourquoi avoir choisi de situer, pour la première fois, l'intrigue à Limoges ?

Je souhaitais parler de ma vie à Limoges, où je suis arrivé en 2007. J'ai eu un coup de cœur pour la partie ancienne du cimetière de Louyat avec ses émaux, ses plaques funéraires... et j'avais envie d'un fantôme, de clairs de lune, de romantisme noir, de gothique.

Sans tout dévoiler, quelle est l'histoire de Profanations à Limoges ?

Je voulais un polar réaliste, inspiré de mon quotidien (N.D.L.R. : Rémy Lasource, c'est évidemment un pseudo, est commandant de police) avec une trame mystérieuse qui frôle le surnaturel. Des tombes sont profanées, dans lesquelles sont volés des habits de cérémonie de francs-maçons, reliés de leur vivant par un secret.

Pourquoi Le Livre d'Hénoch ?

Depuis des années, je suis passionné par l'œuvre d'Hugo Pratt et de tous les Corto Maltese, Les Scorpions du Désert... C'est un grand mystique franc-maçon. Dans A l'Ouest d'Eden, il évoque Le Livre d'Hénoch. Je suis allé « gratter » pour mon travail préparatoire... Je l'ai lu en partie et j'ai trouvé une poésie sur les anges et les démons, qui constituait une coloration allant bien avec le fantôme.

Caro, la protagoniste, forme un duo avec Ibra. Encore une héroïne...

J'ai été inspiré par Jim Harrison et son personnage Dalva. Puis, les équipes, qui ont adapté au cinéma mon livre Du crépitement sous les néons pour le film éponyme, ne cessent de me dire et ils ont raison, que le héros est une femme, que cela fait partie de l'évolution des mœurs, comme au sein de la police.

Pour une flic qui débarque à Limoges, elle va vivre de sacrées aventures !

Il lui arrive ce qui arrive à tous les chiens fous, c'est-à-dire les flics qui sont débordés d'enthousiasme, qui au lieu d'intervenir à deux partent seuls devant, ce qu'il ne faut jamais faire. Elle va subir une intervention un peu traumatisante, va buter contre des dealers de rue plus organisés que ce qu'elle imaginait. Commence alors pour elle un calvaire face à eux.

Nazim, le prostitué, existe-t-il vraiment ?

Il existe... mais il n'a pas le même destin que dans le livre et ce n'est pas un indic'. Je l'ai arrêté plein de fois : il se comporte comme avec Ibra. Il m'adore (rires). Il me dit : « Toi tu m'interpelles quand tu veux ». Ce sont des moments qui témoignent de l'ambiance de la vie d'un flic.

Justement, on découvre le quotidien des policiers sur le terrain, leur relation avec la justice, avec des explications qui peuvent presque répondre au fameux « Mais que fait la police » ?

C'est une fiction d'inspiration américaine. Ce n'est pas un témoignage, même si c'est en effet réaliste. Il y a certainement une volonté pédagogique derrière, en expliquant le fonctionnement et les limites juridiques, administratives...

Au fil des pages, on retrouve de nombreux clins d'œil à des copains, des activités, des lieux que vous fréquentez dans la vraie vie, comme l'ASPTT Limoges Force Athlétique-Musculation ?

Je fréquente cette salle de muscu depuis 2007. Dans le livre, on retrouve tous les musclés retraités... C'est mon Limoges à moi... Il y a également mon copain qui m'initie à l'apiculture, l'auteur Franck Linol, des journalistes bien connus sur la place de Limoges et un certain Chris Duchaud !

Y aura-t-il une suite ?

Je suis en train de l'écrire, avec toujours le même duo. L'histoire se passe dans les cimetières de la Haute-Vienne, avec un vampire et un loup-garou.

Profanations à Limoges Rémy Lasource Éditions La Geste 416 pages 13,90€